ROMAIN BARELIER

FEMMES POLITIQUES ET AUTRES FILLES DES RUES

Exposition du 15 juin au 2 juillet 2022

Né à Rome en 1964, à la Villa Médicis ; fils de André Barelier et de Brigitte Baumas, premiers Grand prix de Rome de sculpture, Romain Barelier partage son enfance entre Saint-Germain-des-Prés et la Ruche, célèbre cité d’artistes de Paris où vécurent Modigliani, Soutine, Chagall… Étudiant rêveur, féru de danse moderne et de photos, il abandonne la Sorbonne et la philosophie, pour parfaire sur le tas sa formation aux arts plastiques. Très tôt sa maîtrise des matériaux, du bronze, du moulage, et de la patine font de Romain Barelier l’enfant chéri des grands artistes qui se succèdent dans son atelier. Il devient un collaborateur précieux pour les figures de l’art contemporain qu’il fréquente depuis sa plus tendre enfance. Il n’a qu’une vingtaine d’années quand César, l’ami de toujours, lui confie son premier travail. Une tendre amitié et une collaboration qui dureront jusqu’à la disparition du grand sculpteur en 1998. Viennent à lui de nombreux autres artistes tels que Arman, Daniel Spoerri, Paul Bury, Bertrand Lavier, Robert Combas, ou Jean-Michel Folon qu’il assistera dans toute la création de son œuvre sculpté, et avec qui il entretiendra toujours des rapports affectifs très forts. Dans le même temps, Romain ne cesse de photographier et de travailler principalement des nus féminins, mais aussi des portraits de ses amis artistes, au travail et dans l’intimité, ou encore Balthus, Henri Cartier-Bresson ou Édouard Boubat qui lui rend visite à son atelier du XV ème arrondissement.

Alors que César exprime « la force et la vérité » qui se dégagent des photos de Romain Barelier, Jean-Michel Folon créé pour lui la couverture d’un ouvrage de nu, « les corps de métier »; travail mêlant l’Art au reportage et qui dévoile avec pudeur la nudité des femmes de tous milieux professionnels. 

Partageant le goût de ses amis nouveaux réalistes pour les matériaux de récupération ; au milieu des années 90, Romain Barelier collecte dans la rue des affiches polychromes et lacérées pour mettre en oeuvre ses premières découpes en pochoir, et il réalise parallèlement ses silhouettes en bronze à partir de carton de récupération des carrosseries voisines de son atelier. 

Jacques Villeglé voit dans le travail de Romain Barelier « une certaine logique de succession, à son propre travail et à celui de Raymond Hains, avec en plus, des recherches de cadrage, de mise en valeur, de dialogue avec la matière, le temps et le regard ». 

Romain Barelier est représenté par la Galerie Guy Pieters, en Belgique.

« Autrefois rencontré sur le ring, c’est avec la violence du boxeur que Romain BARELIER couvre un monde bariolé de totems païens. Poupées lacérées, femmes de papier, vestiges allumés d’une vie de vertiges ,ses silhouettes érotiques bravent les prouesses enchantées d’une réalité déchiquetées. Le pochoir acéré détoure des plastiques implacables avec la noirceur nette d’une scène de crime. Et à travers ces lucarnes, nous sommes les voyeurs d’un présent en lambeaux. Surgissant d’une nuit d’encre, des corps-icônes brillent de mille feux. Croupes, culs, cons, nichons; comic-strip de braises et de cendres que Gainsbourg et Cendrars auraient aimé. Les gisants de Romain BARELIER rappellent les danseuses irisées et prometteuses du générique d’un vieux Bond. Reviennent les sombres démons des passions enfouies … L’œuvre de Romain est un théâtre d’ombres où renaissent d’insaisissables déesses, à jamais évanouies, de l’éternelle jeunesse. »

Yves BROCHEN